
Synthèse de la Soirée des Adhérents du 12 décembre 2024
Dr Martial JARDELPrésident et cofondateur de Médecins Solidaires, “Personnalité santé de l’année 2023” par le Quotidien du Médecin. Le projet […]
Drôle de pays que le nôtre tout de même… en France, on se souhaite « bonne année »
et l’on ajoute souvent « et la santé aussi, c’est important ». Mais que dit-on quand
on trinque ? Y compris pendant les fêtes ? « Santé ! »
On prononce donc ce mot au moment même où on accomplit un acte qui induit exactement le contraire, puisqu’on boit de l’alcool. Une consommation qui, je le rappelle, est à l’origine de près de 50 000 décès par an selon Santé Publique France. A quoi il faut ajouter les risques accrus de cancer (bouche, gorge, œsophage…), de troubles cardio-vasculaires, d’hypertension, de démences et j’en passe.
Certes, la consommation globale est en baisse régulière depuis les années Soixante. Certes, elle a même chuté dans des proportions spectaculaires dans certaines régions comme l’Occitanie ou la Nouvelle-Aquitaine (-15% entre 2000 et 2017). Certes, des messages de prévention sont désormais généralisés sur les bouteilles en direction des femmes enceintes et la loi Evin est globalement respectée.
Mais enfin, a-t-on idée du coût social de l’alcool pour notre société ? Je parle là en vies humaines perdues ou à la qualité dégradée, en accidents de la route, en violences ordinaires, en accidents du travail. D’après une estimation de l’OFDT (Office français des drogues et des toxicomanies) le coût s’établirait à… 100 milliards d’euros par an ! Moins que le tabac (150 milliards) mais autrement plus que les drogues illicites (7,7 milliards). Si j’évoque ce sujet aujourd’hui, c’est parce qu’il se développe depuis quelques années un mouvement en France venu d’Angleterre : le dry January, qu’on pourrait traduire par « Janvier sobre ». Mouvement accompagné par de nombreuses associations avec un programme qui passe par Internet et délivre des messages de soutien et d’encouragement individualisés. Contrairement à ce que prétendent les lobbies des alcooliers, il n’est pas forcément question de sevrage ou d’arrêt total. D’ailleurs, tous les spécialistes en sont d’accord : le simple fait de profiter de l’occasion pour réduire sa propre consommation ou même juste d’y réfléchir constitue un premier pas positif. Mais surtout, si j’évoque ce sujet c’est pour m’attrister du silence, voire de l’opposition affichée par les pouvoirs publics vis-à -vis de ce « Janvier Sobre ». Aucune action de sensibilisation, aucun soutien officiel. A l’heure où ces mêmes pouvoirs publics s’inquiètent du déficit abyssal de la Sécurité Sociale et évoquent des baisses de remboursement dues à ce fameux « Trou de la Sécu », on ne peut y voir qu’un manque de clairvoyance. Pour ne pas dire une parfaite incohérence.
Qu’à cela ne tienne : je vous souhaite à toutes et à tous, avec ou sans alcool, une bonne santé !
Vincent Olivier
Président de Coopération Santé
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