Tribunes
Coopérer en santé dès les études de santé !
Pour construire la santé de demain, il faut briser les silos entre professions et maîtriser les outils numériques permettant une réelle coordination de soins. Toutefois la formation peine encore à répondre à ces enjeux. C’est le cas des étudiants en pharmacie dont 77,60% pensent que leur formation en numérique en santé ne permet pas de les préparer à leur futur exercice professionnel. Les 119 millions investies dans la formation des soignants par le Ministre de la Santé Yannick Neuder, lors du sommet de l’IA serait-il le début d’un système de santé où la coordination devient la norme ? Repenser en profondeur le cursus des études de santé en est la première étape.
Un consensus sur l’importance de l’interprofessionnalité
La coopération interprofessionnelle est essentielle pour améliorer la qualité des soins. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’évaluer leur propre préparation à travailler en équipe pluriprofessionnelle, 17,67% des étudiants en pharmacie estiment que le manque d’interprofessionnalité est une des causes d’une formation qui ne les prépare pas suffisamment à l’exercice professionnel.
Les approches pédagogiques actuelles semblent encore largement cloisonnées entre les différentes disciplines, avec peu d’occasions de travailler avec les étudiants des autres filières de santé (médecine, maïeutique, odontologie, kinésithérapie, sciences infirmières … ). Cette absence de culture commune dès la formation initiale freine l’essor d’une véritable coordination interprofessionnelle une fois en exercice.
Le numérique, levier incontournable de la coopération
Au cœur de cette dynamique interprofessionnelle, le numérique occupe une place centrale. Qu’il s’agisse de Mon Espace Santé, du Dossier Pharmaceutique au Dossier Médical Partagé ou d’outils de télésanté, les technologies numériques sont devenues indispensables pour fluidifier la circulation de l’information entre professionnels de manière sécurisée. Pourtant, sur ce point aussi, le Grand Entretien 3.0 révèle un décalage préoccupant.
Près d’un étudiant sur deux n’a pas d’enseignements de numérique en santé. Ce chiffre illustre une implantation à deux vitesses alors que le développement du numérique est placé comme une priorité par les politiques publiques. Le programme Ma Santé 2022 ou l’implantation du référentiel de compétences dans les enseignements des études de santé sont de bons exemples de mesures dont l’application est encore disparate.
Des attentes fortes vis-à-vis de la formation initiale
Face à ces constats, les étudiants formulent des attentes claires : 62,60% estiment qu’il est fortement à absolument nécessaire d’inclure des enseignements en numérique en santé plus exhaustif. Ces enseignements ne devraient pas se limiter à une approche théorique, mais inclure des mises en situation concrètes, des projets collaboratifs avec les autres filières de santé et des cas pratiques sur l’usage des logiciels professionnels courants.
Cette demande de formation renforce une volonté plus large de repenser les cursus pour mieux préparer les futurs pharmaciens à leur rôle central dans la coordination des soins.
Vers une génération de professionnels connectés
En réunissant les universités et l’ensemble des acteurs de terrains, soutenons l’aspiration des étudiants pour adapter au mieux le cursus en implantant le numérique en santé et en développant des terrains d’apprentissage réellement collaboratifs.
En définitive, le Grand Entretien 3.0 dresse le portrait d’étudiants conscients des mutations en cours, mais encore insuffisamment armés pour les affronter. L’interprofessionnalité et la maîtrise du numérique ne doivent plus être perçues comme des compétences annexes ou optionnelles, mais comme des piliers fondamentaux d’une formation adaptée aux enjeux actuels et futurs du système de santé.
Valentin MASSERON,
Porte-parole ANEPF
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