2025, année de tous les défis
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Organisés par Coopération Santé, les premiers États Généraux de la coopération en santé se sont tenus le 25 juin, à Paris. Lors du troisième et dernier temps d’échange, baptisé « Outils et moyens pour renforcer la coopération en santé », acteurs institutionnels, professionnels de santé et industriels ont a mis en lumière le potentiel de l’innovation – technologique, organisationnelle ou humaine – comme levier stratégique pour améliorer l’efficience du système de santé.
Animée par Eric Vilon, Co-Fondateur InSleepLab, la table ronde a débuté avec une prise de parole de Clémentine Body. Directrice des projets transverses et de l’international à l’Agence de l’innovation en santé, elle a souligné le rôle de son agence, encore jeune, dans la coordination des initiatives de santé du plan France 2030. L’innovation, a-t-elle rappelé, peut à la fois aider les médecins généralistes à mieux orienter les patients (grâce à des outils comme les dermatoscopes intelligents pour un pré-diagnostic des affections cutanées) et permettre un transfert de compétences vers d’autres professionnels de santé, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle.
Mais pour que ces innovations démontrent leur utilité réelle, encore faut-il les tester à grande échelle. “Tant qu’elles ne sont pas déployées, elles ne peuvent prouver leur impact”, a-t-elle averti, plaidant pour des expérimentations territoriales solides, associées à des méthodologies rigoureuses d’évaluation.
David Guillet, président de l’URPS Infirmiers Pays de la Loire et ancien président de la Fédération des CPTS, a rappelé que plus de 700 Communautés Professionnelles Territoriales de Santé fonctionnent aujourd’hui sur le terrain. Malgré les défis – manque de moyens, difficulté à mobiliser les acteurs dans les zones sous-dotées – il a mis en avant les avancées concrètes : mutualisation des ressources, coordination avec les hôpitaux, gestion efficace des soins non programmés…
Il a aussi insisté sur le besoin d’un véritable portage politique : “Il suffirait qu’une CPTS évite une hospitalisation par jour pour que le modèle économique tienne.” Pour pérenniser cette dynamique, il a proposé de réfléchir à une part de capitation dédiée aux CPTS, et à leur rôle potentiel comme observatoires de l’attractivité des territoires.
Laurent Gainza, directeur des affaires publiques du Leem, a pris le relais en pointant un paradoxe : après avoir été critiquée pour son manque d’innovation, l’industrie pharmaceutique est désormais confrontée à des difficultés d’acceptation de ses avancées les plus récentes, souvent vues sous l’angle de leur coût. Or, des traitements comme le Sofosbuvir (contre l’hépatite C) ou les récents traitements préventifs de la bronchiolite ont eu un effet systémique majeur sur la santé publique.
Pour autant, selon lui, les professionnels de santé ne sont pas toujours préparés à intégrer ces ruptures. Il appelle à une approche de “horizon scaling” : mieux anticiper, sur 3, 5 ou 10 ans les innovations à venir, pour organiser le système de soins en conséquence. “C’est peut-être maintenant, malgré les incertitudes, qu’il faut remettre le système à plat”, a-t-il suggéré.
Le Dr Luc Duquesnel, médecin généraliste en Mayenne et président du syndicat Les Généralistes-CSMF a de son côté insisté sur la nécessité de repenser l’organisation des soins en adoptant des modèles plus globaux, tels que la capitation et le management populationnel. Ces approches, déjà mises en œuvre dans d’autres pays, permettent de financer les structures de soins en fonction de la population prise en charge plutôt qu’à l’acte, ce qui favorise la prévention et la coordination. Comme il le souligne : « Si on ne sort pas du paiement à l’acte, on ne pourra pas vraiment transformer notre système de santé. »
David Guillet a prolongé cette réflexion en mettant en avant l’idée du partage de marge entre acteurs, afin de créer des incitations communes et durables. Il a rappelé que ces modèles financiers innovants sont essentiels pour accompagner les changements organisationnels, mais qu’ils nécessitent des expérimentations encadrées et un engagement fort des parties prenantes. Selon lui, « le management populationnel n’a de sens que si on aligne les intérêts des professionnels et des financeurs. »
Clémentine Body a quant à elle alerté sur un frein réglementaire majeur : la fin programmée des articles 51 avant que les dispositifs expérimentaux qu’ils autorisent ne puissent accéder au droit commun. Cette coupure prématurée risque de compromettre le déploiement national d’innovations pourtant prometteuses. Comme elle le résume : « On arrête souvent les expérimentations avant même qu’elles aient le temps de prouver leur valeur et de passer en droit commun. »
Pour conclure, Luc Duquesnel a souligné que, face à une pénurie médicale annoncée, les professionnels de son territoire ont su, dès 2007, s’organiser collectivement autour d’un projet de santé. Résultat : 8 territoires structurés en CPTS et maisons de santé pluridisciplinaires, avec une forte implication des médecins dans la permanence des soins, et une coordination quotidienne avec l’hôpital.
“Ce collectif diminue la charge mentale et donne envie d’innover”, a-t-il expliqué, soulignant également le soutien décisif apporté par un accompagnement méthodologique dès les débuts. Pour lui, l’envie de faire ensemble est aussi un moteur puissant du changement, au-delà des contraintes.
Ce troisième temps des États Généraux a ainsi montré combien l’innovation ne se résume pas à la technologie. Elle repose sur des organisations coopératives, des visions partagées et une capacité collective à expérimenter, adapter et anticiper. Une dynamique à poursuivre pour construire un système de santé plus résilient et plus humain.
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