Confiance, méfiance, défiances
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Ce n’est pas le danger le plus visible et pourtant c’est celui qui, à terme, menace le plus notre système de santé. Il frappe déjà de plein fouet les EHPAD et les biologistes. Il menace les pharmaciens et les radiologues.
Ce n’est pas le danger le plus visible et pourtant c’est celui qui, à terme, menace le plus notre système de santé. Il frappe déjà de plein fouet les EHPAD et les biologistes. Il menace les pharmaciens et les radiologues.
Demain, il concernera l’ensemble des structures de groupes, cabinets ou offres de soins primaires.
Je veux parler de la financiarisation, ce processus par lequel des acteurs privés, non professionnels, investissent dans le secteur des soins. Avec, comme objectif premier et affiché, une rentabilisation de leurs capitaux. Le dernier rapport « Charges et produits » de la CNAM s’en inquiétait cet été, le juge des référés vient de saisir le Conseil d’État sur le sujet et, plus récemment encore, un rapport d’information du Sénat s’est emparé de cette question. Je précise au passage qu’il a été corédigé par Corinne Imbert, notre référente au Palais du Luxembourg qui, je m’en réjouis d’avance, interviendra dans le fil rouge 2025 consacré aux territoires de santé.
Pourquoi ces cris d’alarme ? Parce que la financiarisation comporte bien des menaces. Pour les usagers, qui risquent une dégradation de la qualité comme cela a été le cas pour Orpea par exemple, où les profits l’ont emporté sur tout autre considération. Pour les professionnels qui peuvent y perdre de leur autonomie et se trouver en conflit potentiel entre les logiques financières et leur éthique personnelle. Pour les autorités de santé enfin, du fait d’une augmentation incontrôlée des dépenses et d’une sélection des usagers les plus « rentables ».
L’exemple le plus patent est celui des biologistes, où les six premiers groupes représentent plus de 60% de l’offre privée. Conséquence : entre 2016 et 2021, le nombre de laboratoires a baissé de près de 50% (de 370 à 224) tandis que dans le même temps la rentabilité doublait quasiment (de 18 à 32%). Du coup, les pouvoirs publics n’ont plus guère de marge de manœuvre devant ces mastodontes qui, en conflit avec l’Assurance Maladie, menacent de fermer leurs portes cet automne en dénonçant une convention qu’ils ont pourtant signée en toute connaissance de cause !
Le phénomène commence aussi à affecter les pharmacies. Difficile en effet de résister à des offres de rachat d’une officine à des prix mirobolants… Ces investisseurs ont beau promettre une cogestion aux jeunes professionnels qui s’installent, ces derniers se trouvent souvent soumis à une pression financière qui les éloigne de leur cœur de métier.
Ces dérives marchandes accompagnent également le développement des soins dentaires et ophtalmologiques. Il est en passe de toucher les centres de soins primaires. Bref, il concerne ou concernera bientôt tous les professionnels en exercice libéral de groupe.
On a coutume de dire que la santé n’a pas de prix mais qu’elle a un coût. Il ne faudrait pas que ce coût se résume à des profits privés.
Vincent Olivier
Président de Coopération Santé
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