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Corinne Imbert : « Je vous aime bien ! »

Corinne Imbert
Sénatrice de Charente-Maritime, Conseillère départementale de la Charente-Maritime, Pharmacienne, Rapporteure de la branche maladie du PLFSS, marraine des Mercredis de Coopération Santé.

La sénatrice de Charentes-Maritimes a participé à la première soirée-débat dont le fil rouge 2025 est « Territoires et Santé ». Dans cette interview, elle explique à la fois son attachement à notre association et l’importance que revêtent selon elle les enjeux de coopération et de territoire.

Mme Imbert, pourriez-vous nous expliquer ce qui vous a motivée pour être la « marraine » de Coopération Santé cette année ?

Parce que je vous aime bien ! (Rires). Plus sérieusement, Coopération Santé n’est pas n’importe quelle association. La pluralité de la composition de ses membres fait tout son intérêt et son originalité.  Ensemble, nous avons noué des relations de confiance. Nous partageons de nombreuses valeurs et je suis ravie de vous permettre des facilités d’accès au Sénat même si d’autres l’ont fait avant moi.

Pour le législateur que je suis, ces temps d’échanges et d’écoute spontanés, notamment lors des diners-débat que vous organisez, sont utiles. Et par ailleurs, en tant que membre de la Commission des Affaires Sociales et rapporteuse de la loi sur le PLFSS les sujets que vous abordez me « parlent » particulièrement.

Quelle importance accordez-vous à la notion de coopération ?

Elle a toujours existé et c’est heureux ! Elle est indispensable, je dirais même qu’à l’échelle des territoires elle est vitale car, dans la situation de crise que connait aujourd’hui notre système de santé elle permet de « mettre de l’huile dans les rouages ». Mais une coopération efficace ne peut se déployer que dans un contexte de confiance réciproque.

Or, la confiance ne se décrète pas. Elle se construit peu à peu, dans le temps. Et même si, je le constate, les professionnels se connaissent de moins en moins, échangent entre eux moins facilement qu’avant, il nous faut collectivement cultiver ces bonnes pratiques, d’où l’intérêt pour les professions de santé d’exercer en maisons de santé pluridisciplinaire.

Vous parlez des territoires. Quelle est justement, selon vous, la « bonne » échelle sur les enjeux de santé ?

L’accès aux soins et en particulier les difficultés d’avoir un rendez-vous avec un médecin est une des trois préoccupations majeures de nos concitoyens. Quand on parle de territoires, quand on parle santé et territoires, on se rend compte très vite que les départements sont en concurrence les uns avec les autres, qu’au sein d’un même département, les intercommunalités sont en concurrence entres elles et qu’au sein d’une même intercommunalité, les communes sont en concurrence entre elles car les élus ne peuvent restés sourds aux inquiétudes des habitants. Il y a une compétition entre les territoires ! Les départements qui veulent se saisir du sujet de l’accès aux soins me semblent être la bonne échelle car ils ont une préoccupation d’aménagement du territoire et d’équité territoriale. Or, l’accès accès aux soins est un sujet d’aménagement du territoire. C’est aussi la bonne échelle pour discuter avec la délégation de l’agence régionale de santé.

Vous êtes une pharmacienne de métier. Quels sont les défis qui vont se poser dans les prochaines années pour cette profession, notamment dans les officines ?

Je vois trois enjeux essentiels dès aujourd’hui et pour demain. Le premier concerne le maillage territorial. Certes, un certain nombre de pharmacies ont fermé ces dernières années. Pour autant, ce maillage demeure remarquable en France : il suffit que la célèbre croix verte soit allumée pour pouvoir pousser la porte et avoir accès à des entretiens pharmaceutiques avec un professionnel de santé sans rendez-vous – en général à moins de dix minutes de chez vous. Quel autre pays au monde peut en dire autant ?

Le second enjeu, c’est l’évolution de nos métiers, de nos compétences. Je parle là d’un meilleur accompagnement des patients qu’il s’agisse de vaccination, de bon usage du médicament et du bilan santé récemment mis en place ou encore du sevrage tabagique. Bref, de toutes nos actions de prévention qui impliquent, au travers de ces nouvelles tâches, de nouvelles responsabilités. C’est essentiel car si les pharmaciens d’officine ont toujours joué un rôle de conseil, ce dernier a connu un coup d’accélérateur avec la pandémie de Covid 19. Et, au vu des difficultés rencontrées par nos concitoyens pour obtenir une consultation dans des délais raisonnables, je peux vous assurer que ce rôle de conseil est amené à se développer encore et encore ! Le troisième enjeu est celui de la démographie pharmaceutique et donc l’enjeu de la formation des futurs pharmaciens !

Recueilli par Vincent Olivier,
Président de Coopération Santé

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