Éditos

Au boulot !

La liste des sujets en souffrance qui attendent le (la) prochain(e) ministre de la Santé donne le tournis. Elle suffirait à elle seule à l’occuper jusqu’à la prochaine présidentielle en mai 2027, si tant est que le gouvernement reste en poste ce qui n’a rien d’acquis…Petit inventaire, non exhaustif, de ces dossiers aussi urgents qu’essentiels.

La loi sur la fin de vie, fruit d’un débat national ouvert à l’automne 2022, a été brutalement interrompue par l’annonce de la dissolution le 9 juin dernier ; ce devait être « la » grande réforme sociétale du second quinquennat, tout est à refaire et rien ne dit que cette loi trouvera sa place dans l’agenda de la nouvelle Assemblée ou du prochain gouvernement. La loi sur les polluants « éternels », votée par le Sénat en mai dernier, n’a pas pu être adoptée en 2e lecture par l’Assemblée Nationale. Elle concernait pourtant notre vie quotidienne (emballages alimentaires, textiles, cosmétiques…) ; faute de réinscription à l’ordre du jour elle reste aujourd’hui lettre morte. Quant à la loi sur le Grand âge, promesse électorale du candidat Macron en 2017, elle a certes été votée en avril dernier. Mais aucun décret d’application n’est paru depuis et elle ne semble pas vraiment la priorité de nos responsables politiques en ce moment.
Il y a plus grave encore que ces retards qui s’accumulent. Notre système de santé est plus fragile que jamais, profondément malade. Le déficit de l’Assurance Maladie, annoncé à 10,5 milliards d’euros pour 2024 devrait dépasser les 16,5 milliards. Jamais en dehors des années
Covid il n’avait atteint un tel gouffre. Le déficit des hôpitaux publics a doublé entre 2019 et 2022. Le pourcentage d’établissements privés en déficit est passé dans le même temps de 10% à 40%. Tandis que le budget de la Sécurité Sociale reste, lui, cantonné à une hausse de 3,5% pour cette année. Vu l’état des finances du pays, il ne devrait guère augmenter en 2025. Le fil rouge de Coopération Santé de 2023, « Faire plus avec moins », reste tristement d’actualité…
Ajoutons à cela les déserts médicaux, les ruptures de stock de médicaments (500 signalements en 2023, + 30% par rapport à 2022), le reste à charge pour les ménages qui s’accroît d’année en année et la désespérance de l’ensemble des professionnels du soin qui souffrent d’un sentiment de perte de sens et d’abandon des pouvoirs publics. Rien de nouveau dans le ciel de France me direz-vous ? C’est bien là le problème.
En visite à l’hôpital Necker la semaine dernière, le Premier ministre Michel Barnier a d’ores et déjà prévenu : il ne pourra « pas faire de miracle ». Ça tombe bien, personne ne le lui demande. En revanche, il est impératif que le prochain gouvernement se mette au travail et qu’il aborde de front ces enjeux fondamentaux. Le temps presse, il y a urgence.

Vincent Olivier

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