Éditos

Catastrophe mondiale

Il l’avait annoncé dans son programme. Il avait dit qu’il le mettrait en œuvre.

Il avait promis qu’il le ferait sans état d’âme.

Mais qui aurait pu prédire que ce serait avec une telle rapidité, une telle brutalité ?

Le jour même de son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a signé un décret qui annule pour trois mois au moins la totalité des programmes d’aides au développement que finançaient jusque-là les États-Unis. Quatre jours plus tard, le 24 janvier, toutes les organisations concernées ont reçu un courrier officiel exigeant « l’arrêt de tout travail et de n’engager aucune nouvelle dépense ».

 En pratique, cela implique bien souvent l’arrêt pur et simple de ces programmes pourtant vitaux pour la planète. Plus d’argent pour financer les traitements et les essais cliniques contre le sida en Afrique (20 millions de personnes). Plus d’argent pour nourrir les victimes de la guerre civile au Soudan (1 million de réfugiés dans les camps). Plus d’argent pour soigner les 100 000 Birmans déplacés en Thaïlande. Plus d’argent pour des centaines d’organisations caritatives.

Concrètement, le décret signé par Trump va provoquer une catastrophe humanitaire comme le monde n’en a peut-être jamais connu et dont les effets se feront sentir pendant des années et des années. Un désastre parfaitement évitable, que le Président des États-Unis justifie par des motifs aussi divers que discutables, qu’ils soient politiques (« America first », égoïsme national poussé à son paroxysme) ou idéologiques (refus de tout ce qui implique « diversité, inclusion, équité » a-t-il précisé). Et comme si ces mauvaises raisons ne suffisaient pas, Donald Trump y ajoute une couche de fake-news en prétendant que l’un de ces programmes aurait financé « l’achat de préservatifs pour Gaza à hauteur de 50 millions de dollars ».

Justement, parlons d’argent. Avec plus de 65 milliards de dollars, les États-Unis sont les premiers contributeurs au monde pour les programmes d’aide au développement, dont près de la moitié en aide humanitaire et en dépenses de santé. C’est effectivement une somme considérable en soi. Mais cela ne représente jamais que 0,08% de la dette publique américaine (90 000 milliards de dollars) ou 0,25% du PIB (c’est-à-dire la richesse nationale) par habitant. A titre de comparaison, la France fait deux fois plus. La Norvège, quatre fois plus.

Il fut un temps où les États-Unis étaient fiers d’incarner un modèle économique de prospérité et de générosité. Un modèle politique d’ouverture et de tolérance. Un exemple de civilisation qui éclairait les autres nations. Aujourd’hui, la lumière est éteinte.

Vincent Olivier
Président de Coopération Santé

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