En médecine comme dans les disciplines scientifiques, l’accélération incroyable du progrès bouscule nos visions et nos organisations. Cette situation instable peut conduire rapidement à avoir un jugement incertain voire décalé au moment de prendre une décision d’ordre politique ou organisationnel.

     Deux exemples : le traitement du cancer qui s’oriente maintenant vers un ciblage thérapeutique fondé sur la génétique de la tumeur et non plus sur l’organe touché, ou encore l’imagerie médicale qui fusionne les différentes techniques d’imagerie. Ces exemples impliquent différentes disciplines, mais qui travaillent en parallèle.

     S’agissant de la santé qui mélange enjeux sanitaires, sociaux et économiques, les décideurs politiques se tournent naturellement vers les experts pour les éclairer, donc vers les sociétés savantes.

     Commence alors une vraie question déontologique pour ces sociétés interrogées par les décideurs : vont-elles défendre le passé ou l’avenir ? Comment se sont-elles proclamées démocratiquement société savante ? Ne défendent-elles pas leur avenir économique aux dépens de l’intérêt général voire contre une autre société savante plus petite ?

     Or personne ne donne de « label » de rigueur intellectuelle à ces sociétés dont l’objet historique est la diffusion académique de leur savoir et non le lobbying.

     Si personne n’a de doute sur l’utilité des sociétés savantes dans un monde où la connaissance devient la matière essentielle, les décideurs, et avec eux la démocratie, se doivent à la fois d’être exigeants quant à la transparence et à l’exhaustivité des avis donnés par ces sociétés, comme d’être sans concessions sur le mélange des liens d’intérêt.

     La question est devenue aujourd’hui : comment mettre en place un contre-pouvoir simplement ou plutôt comment, pour avoir le droit de donner un avis « démocratique » aux décideurs, faire respecter une charte comportant un code éthique et un format de démonstration argumentée ?

Guy Turquet de Beauregard, Président de l’AIPES et de SEVY conseil – 01/07/2016