La Loi de santé, récemment votée, contestée, amendée par le conseil constitutionnel, apparait, pour une grande part, comme l’occasion manquée d’une réflexion collective sur l’inévitable évolution de notre système de santé, la juste place des acteurs, les rôles respectifs de l’Etat, de l’Assurance Maladie et des complémentaires ; celui de l’hôpital et de la médecine de ville ; le contour des métiers et la diversité des pratiques professionnelles ; la place légitime des usagers, l’ouverture des données de santé et les problèmes éthiques engendrés par les progrès scientifiques et techniques… mais aussi les perspectives ouvertes par le digital et la e-santé.

      Passer en force, sans donner sens à la réforme, ne pouvait qu’aboutir à cette rupture de confiance entre l’Etat et les acteurs, affadissant une réforme qui, déjà manquait de souffle. La reconnaissance par l’absurde apparait au grand jour quand un mois à peine après le vote de la grande loi du quinquennat, le premier ministre annonce des réformes à court et moyen terme, après la réunion de la conférence de santé.

      Une réforme touchant au cœur de notre société ne peut réussir en faisant appel à la seule raison. Il faut, pour qu’elle réussisse, s’adresser à la sensibilité, au vécu des acteurs en créant une « affectio societatis » au lieu d’une approche dogmatique ou idéologique vécue comme désuète par la plupart des français, notamment les plus jeunes.

      Ce sentiment de défiance est d’autant plus dommageable qu’un consensus existait sur le diagnostic et un large accord sur la thérapie princeps.

Alain Coulomb, président de Coopération Santé – 15/02/2016