Les vœux que nous formulons en ce début d’année résident dans l’espoir que ce raz de marée ne se brise pas, demain, sur l’oubli, le déni, le défaut de transparence, une vision dégradée de la citoyenneté de la part de nos gouvernants. Nous espérons aussi que la vague emporte les inspecteurs des travaux finis qui traquent les défaillances pour tenter d’exister, d’autant plus aisément que les réponses sont déjà apportées ou que l’incertitude demeure. Nous avons affronté ces incertitudes, il nous faudra apprendre à vivre avec après avoir fait le tri, par la raison et la science et non par l’imprécation et la violence, entre celles qui sont artificielles et celles qui restent irréductibles.
     Nous aurons également à faire face aux corporatismes aujourd’hui apaisés mais demain peut-être renaissants, aux complotistes de tout poil récemment illustrés dans « holdup » dont la vitesse de diffusion témoigne de la présence active, mais aussi au « harcèlement textuel » propre au génie bureaucratique national.
     J’en passe pour éviter la désespérance, car la pandémie a aussi libéré des blocages institutionnels, des gouvernances désuètes à l’hôpital public comme en ville, favorisant dans les territoires l’émergence d’initiatives, d’organisations innovantes qu’il faudra demain faire vivre.
     Pour réussir ce pari, on ne peut se contenter de distribuer des milliards, par ailleurs bien mérités, aux acteurs et aux structures. Il importe de changer de regard en considérant la santé comme un investissement sociétal essentiel, un secteur stratégique à consolider voire à construire.
      C’est, en effet un facteur de progrès scientifique, technologique et industriel, notamment grâce à la combinaison d’innovations entre elles : dispositifs médicaux, nanotechnologies, numérique en santé, digital etc. L’extraordinaire mobilisation des acteurs de la « pharma » dans la recherche des vaccins et des traitements illustre le propos, réparer le vivant devient une opportunité essentielle pour améliorer l’espérance de vie mais aussi les conditions d’une vie optimale avec la maladie.
     C’est aussi un facteur de croissance, pour peu que le lien entre recherche fondamentale et industrialisation/commercialisation soit mieux assuré, facilitant ainsi plus de réussite et d’indépendance à notre pays et que soient valorisées les initiatives locales qui ont montré leur efficacité et leur acceptabilité.
     C’est également un facteur de cohésion sociale au même titre que l’accès à l’éducation ou la liberté d’expression. Les drames humains et les dégâts psychologiques engendrés par le confinement l’ont, hélas, amplement démontré.
     C’est enfin un facteur de citoyenneté à condition que les appels à la responsabilité individuelle et collective ne soient pas seulement invoqués pour favoriser l’acceptation de mesures contraignantes-par ailleurs peut-être nécessaires- mais aussi pour permettre aux citoyens et à leurs associations de participer effectivement à la détermination de leur propre destin. Notre identité collective se joue dans la traduction opérationnelle et territoriale de cet investissement. C’est pourquoi nous avons décidé que le « fil rouge » de nos futurs soirées-débats (après la fin de ceux consacrés au temps) seront consacrés au « système de santé à l’épreuve de la pandémie : un regard différent ». Ensemble nous pourrons, c’est le vœu que je formule en ce début d’année, faire de Coopération Santé « un lieu où souffle l’esprit ».

Prenez soin de vous

Christian Saout – Mars 2021