Cette année encore, en même temps que tombent les premières feuilles d’automne, le cadre budgétaire des dépenses de la Sécu est, lui aussi tombé… dans la quasi – indifférence générale.
Ne méritait-il pas mieux ?
Orienté autour de trois axes majeurs : gérer la crise sanitaire, adapter notre système de santé et octroyer de nouveaux droits sociaux, il se veut pourtant ambitieux et innovant.
Investissements dans le système de soins, poursuite de la réforme du financement, création d’organisations para-hospitalières (maisons de naissance, hôtels hospitaliers), lancement de la branche « autonomie », allongement du congé paternité, réforme de l’accès aux médicaments innovants avec la fusion du dispositif ATU/RTU. Beaucoup de ces réformes étaient attendues.
Le tout accompagné d’une hausse de 4,5 points de l’ONDAM – soit 12,5 milliards pour l’assurance maladieil n’est pas loin le temps où une hausse de 0,1 point enflammait les esprits, soulevait des tempêtes.
Il comporte certes quelques oublis : la prévention reste dans l’ombre, la médecine libérale aussi, la gouvernance du système n’est pas abordée, ce n’était peut-être pas le lieu ni le moment.
Et pendant ce temps les soignants et l’hôpital public, pourtant les cibles privilégiées du Ségur de la Santé continuent d’exprimer leur mal-être au moment même où les usagers expriment le leur.
Voilà un paradoxe apparent, sauf à considérer que le diagnostic initial est erroné ou, à tout le moins, incomplet. Une réponse quantitative à un malaise qualitatif ne peut générer que frustration et relance, nous y voilà.
Réhabiliter une approche humaniste dans le secteur de la santé, comme un premier pas pour restaurer la confiance est peut-être la clef de compréhension d’un PLFSS largement ignoré.
Concluons avec Edgard Morin
« qu’à force de sacrifier l’essentiel à l’urgence on oublie l’urgence de l’essentiel »

Alain Coulomb – Président de Coopération Santé – Décembre 2020