Ah si nous pouvions nous confiner dans l’allégresse ! Hélas, ce n’est pas le cas. Nous nous heurtons aux limites de l’exercice : la troisième voie tentée par les autorités publiques depuis ce jeudi 18 mars 2021 a plutôt accentué les attentes de liberté, variées et croissantes, d’une Nation fatiguée d’une aussi longue et peu productive bataille. Le virus est toujours là, il court toujours, de variant en surprise. Et certains trouvent qu’il convient de lui faire la fête : carnaval à Marseille, rassemblements sur les berges fluviales urbaines, déambulations massives.
     Comme si nous étions résolus, quoi qu’il en coûte, à tutoyer le risque de contamination : pour frémir … ou mourir.
     Comme si nous renoncions à la prévention, nous en remettant à l’attente d’un vaccin dont il est prouvé qu’il réduit les formes graves mais dont il n’est pas aussi sûrement établi qu’il limite l’émission de virus, même si à cet égard nous avons de bonnes nouvelles des pays ayant conquis un seuil élevé d’immunité collective.
     Pour notre malheur qu’avons-nous raté ? Nous disposions d’attitudes bien expliquées (les gestes barrières, de règles validées (la fameuse distanciation sociale) et d’outils devenus massifs au fil du temps (masques, tests et auto-tests). Quel acteur de santé publique ne rêverait d’une telle palette ? Même le vaccin était apparu rapidement en vue. Sa disponibilité en Europe s’avère plus lente que prévu mais elle était à terme certaine. Bref, entre ripostes graduées et représailles massives, l’arsenal de guerre au virus ne manquait pas d’allure.
     Mais nous avons préféré contraindre que convaincre, et encore avons-nous oublié la leçon de Paul Virilio pour qui «la conviction n’est pas la provocation de la peur». En santé publique, des outils et des messages sont loin de suffire, surtout quand on est empêtré dans la vitesse médiatique et des réseaux sociaux

Christian Saout – Mars 2021